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20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 13:08

C'est pour quand le Réveil de la Tunisie?

Par Mohamed Sellam

Professeur d’Université

 

            Avant l'indépendance, la Tunisie était sous le joug du colonialisme; la misère et la famine régnaient de façon inouïe, et le peuple, n'ayant pas le pouvoir de réagir, s'y abandonnait pourtant avec une résignation quasi passive, jusqu'au jour où la volonté de reconquérir sa dignité usurpée, se fit jour en lui, le contraignit à la révolte, à une révolte confiante qu'il paya fort cher et enfin à l'émancipation de ce pouvoir colonial que l'on qualifie pour le moins d'horrible et de sanguinaire.

            Une telle libération, comme on le sait, n'a pas été donnée en guise d'offrande au peuple tunisien, elle est au contraire, acquise au prix du sang des milliers de martyrs que l'on a ensevelis aujourd'hui dans un oubli impénétrable. Ils sont morts, pour que nous, ingrats que nous sommes, survivions, et pour que nous recouvrions notre identité, notre dignité déjà foulée sous les bottes du colon. Mais que sert-il à présent de raviver ici les cendres d'un passé déjà lointain? Ce passé, c'est notre civilisation, c'est notre vie, notre histoire; et ce passé, c'est le legs de notre lutte, c'est notre gloire, c'est ce qui fait, en un mot, une nation unie, libre et indépendante, une nation que nous incarnons et qui vit en nous comme notre sang.

            Or, avons- nous été sincèrement fidèles à la mémoire de nos martyrs? Avons nous vraiment reconstruit notre nation? Sommes-nous heureux d'y vivre et d'y goûter les plaisirs d'une vie modeste et réconfortante? A-t-on accompli les progrès auxquels chacun de nous aspire à bon escient? Non. La plupart des nations, au lendemain de la seconde guerre mondiale, sont sortis exsangues, littéralement meurtris par une épreuve difficile qui a duré des années. Mais, en dépit de leur désastre, ces nations n'ont pas souffert autant que nous, du sous-développement et de l'obscurantisme. Pourquoi donc ces nations, agonisant hier sous les décombres et les ruines, se sont réveillées aujourd'hui, baignées dans un univers de lumière et de progrès fantastiques, alors que nous, nous végétons toujours sous l'emprise de l'ignorance et de la famine? Pourquoi ces nations ont-elles atteint en si peu de temps à l'apogée du progrès technologique? Alors que nous autres, nous ne sommes pas encore capables de fabriquer une simple lame de rasoir? Je me désespère de pénétrer ce problème angoissant!

 Sommes- nous alors condamnés à supporter toute notre existence les affres du sous développement? Sommes-nous atteints d'épilepsie intellectuelle pour ne pouvoir rien créer? A part certes quelques produits agricoles dont la nature nous fait don à chaque saison, nous ne sommes pas capables, que je sache, d'exporter un produit dû à notre savoir-faire et à notre génie. Pourquoi donc cette passivité morbide? Pourquoi acceptons- nous sans réagir une telle situation déshonorante?

            Si nous végétons ainsi sans cesse dans l'ignorance, si notre conscience est encore endormie, si nous ne réagissons pas contre le phénomène du sous-développement. Si nous nous résignons bien volontiers à cette triste situation, c'est bien parce que le peuple n'est pas encore libéré politiquement et intellectuellement, parce qu'il est conditionné par des influences extérieures, parce que ceux qui détiennent en main sa destinée, le condamnent au silence et à l'inaction, parce qu'on tue enfin en lui toute forme d'initiative, toute volonté de progrès et d'épanouissement. Voilà pourquoi notre peuple n'avance pas!

            La démocratie demeure le pilier de tout progrès humain. Rien ne se fait sans démocratie. Tout essor économique, social, politique et culturel reste subordonné à la réalisation et à la concrétisation de ce principe fondamental. La démocratie, c'est la vie du peuple; la démocratie, c'est l'âme du peuple. La civilisation ne se fonde que sur la démocratie et le pouvoir du peuple.

            Le peuple tunisien a besoin d'une nouvelle "renaissance" qui lui redonne force et progrès. Certes il a été depuis longtemps sous la dépendance des autres nations; il est grand temps dès lors qu'il se déclare désormais affranchi de leur hégémonie culturelle et économique et qu'il reprend en main sa propre destinée, vers la prospérité et le bonheur.

            Cet essor se réalise en effet à la faveur d'une nouvelle démocratie, une démocratie authentique et durable. Il n'en reste pas moins vrai que les nations  modernes ont dû payer très cher le tribut à la liberté, mais la nation tunisienne n'en à moins souffert sous la domination odieuse de l'étranger et a dû longtemps combattre pour concrétiser ses aspirations à la liberté et au bonheur.

            Cependant, par malheur, notre peuple est sorti d'une situation infernale pour retomber dans une autre, encore peut être pire, car il se trouve en effet sous le pouvoir d'une poignée de dirigeants incompétents, malhonnêtes, qui se complaisent dans l'égoïsme et l'indifférence.

            C'est pour cette raison que l'on n'est pas apte à assurer notre propre épanouissement, à nous assurer un avenir meilleur.

            Les entreprises étatiques ou semi-étatiques dévorent les deniers publics sans pour autant assurer de bons services aux citoyens. Pire encore, il s'est avéré qu'elles sont toujours déficitaires, en dépit de la hausse progressive qu'accuse le prix des services rendus.

            Ce qui est encore pire, c'est qu'aucune de nos entreprises n'est capable de rivaliser en matière de qualité avec la plus petite entreprise étrangère. On parle souvent de l'importation des produits tunisiens, ce n'est là qu'une mystification verbale, car en matière de compétitivité, nos entreprises n'ont rien produit qui puisse sauver même les apparences. C'est pourquoi le citoyen tunisien se trouve en effet acculer à ne pas donner crédit à tout ce qui est fabriqué en son pays. Ce sont là certes des préjugés dangereux et absurdes, mais des préjugés qui ne sont pas moins fondés quand même sur des réalités que nul n'ose récuser de nos jours.

            Alors pourquoi donc cette incurie, cette absence absolue en matière d'invention et d'innovation, et en particulier, cette négligence, bien plus triste encore, quant à la qualité de ce qu'on produit? Tout cela, j'en suis persuadé, est dû à une politique inadéquate et profondément utopique.

            D'ailleurs les responsables actuels sont- ils de vraie patriotes?

Le peuple tunisien a été tout au long de ces dernières décennies, sous l'emprise d'une poignée de quelques individus sans scrupules et indignes de la mission dont ils sont investis. Cet état de choses se poursuit sans relâche jusqu'à nos jours. L'Etat doit être inquiet de ces sangsues, de ces êtres qui n'ont ni cœur ni conscience et qui se croient au-dessus des lois et des principes moraux. Ils ignorent encore ce que c'est que le patriotisme. Une fois s'étant vu confier une responsabilité quelconque au sein de la communauté, ils croient que tout est permis, alors qu'ils devraient s'atteler au service du bien commun en acceptant tout sacrifice, de quelque nature qu'il soit.

            Nos dirigeants politiques n'ont réellement aucune idée du patriotisme: ils affichent vis-à-vis des questions nationales importantes, des attitudes pour le moins incompréhensibles. L'esprit patriotique conduit au sacrifice de soi dans l'intérêt général; l'esprit patriotique relève également de la franchise, de la sincérité, de la tolérance, en un mot de l'amour du peuple et du pays qui nous a vu naître. Nous avons tous besoin d'un aiguillon patriotique; nous avons besoin d'être rééduqué dans l'amour de la patrie. La génération actuelle n'a rien ajouté au prestige et à la gloire de nos ancêtres. Elle continue à vivre, malgré le désarroi général, dans un état d'inconscience totale, un état de léthargie permanente, plongée  dans l'indifférence et la farniente.

            Le pays à besoin de notre attachement et de notre amour: il convient dès à présent de songer à cela avec plus de sérieux et de faire naître en nous l'enthousiasme qui a poussé nos martyrs au sacrifice sur l'autel de la liberté et de l'amour.

            Comment alors forger en nous une conscience nationale? La grandeur de la patrie ne relève pas seulement de notre indépendance vis-à-vis de la tutelle étrangère, bien plus la grandeur de la patrie est subordonnée au degré de notre civisme et de notre solidarité réciproque, de notre attachement irrésistible au principe éthique et à notre identité nationale. Si chacun de nous s'attachait à connaître ses devoirs et ses droits, si l'on se sentait responsable au sein de la communauté, si nos sentiments d'amour et de patriotisme ne connaissaient pas de bornes et ne se limitaient pas dans les frontières de l'indifférence et de l'égoïsme, si enfin nous nous sentions profondément attachés à tous les coins de cette chère patrie, sans discrimination ni ségrégation, alors nous pourrions dire à ce moment que tout est bien sur cette aimable terre, et que tout respire la beauté et l'honneur. Une conscience nationale, une conscience profonde, authentique, impérissable, surgirait alors du néant pour nous unir à jamais face aux fluctuations vertigineuses du monde moderne. Il fautt, dans ce cas là, que les dirigeants politiques se débarrassent des vestiges des mentalités décadentes et qu'ils mettent entre leurs yeux à l'exclusion de tout autre chose l'intérêt national plutôt que leur intérêt propre, car pour la plupart de ces gens, la politique est un moyen sûr pour s'enrichir rapidement et fouler aux pieds tous les principes d'honneur et de dignité. L'autorité dont ils sont investis au lieu de stimuler en eux les sentiments de bienséance et d'équité, leur fait perdre tout esprit de bien et d'honneur, soit par manque d'éducation civique et morale, réelle, soit par absence de principes susceptibles de les tenir dans la voie de la justice.

            Le but principal de ce beau monde n'est pas seulement d'accumuler des biens matériels au détriment du peuple, mai aussi d'appauvrir ce dernier en le condamnant arbitrairement à la misère intellectuelle et à l'ignorance, pour pouvoir le soumettre à leur mainmise et à leur influence néfaste.

            N'est ce pas que le bonheur du peuple passe d'abord par sa libération totale vis-à-vis de la politique qui le domine? On sait que, de nos jours, l'aliénation arbitraire du peuple est un phénomène courant. L'influence quasi irrésistible que les politiques exercent sur lui est déterminante, en ce gens qu'il se laisse passivement conduire selon leur humour et leurs bon plaisir. Si le pouvoir politique régente et gère le peuple, s'il s'adonne à des pratiques pour le moins abusive et s'il règne suivant des lois arbitraires et draconiennes c'est dans le dessein évident de vouloir maîtriser, dompter et soumettre l'esprit révolutionnaire du peuple. La hiérarchie politique, avec tous ses vices, sa débauche, son imposture déjà notoire, son affreuse corruption qui ronge et mine ses institutions, elle demeure, pour le peuple du moins un symbole pur et intouchable, parce qu'elle incarne le pouvoir et la puissance, la grandeur et la richesse matérielle.

            C'est alors que le peuple, et je l'affirme encore ne peut reconquérir sa volonté, son esprit d'initiative et sa gloire qu'on s'arrachant une fois pour toutes à cette odieuse mainmise. La hiérarchie politique, du haut de son étroite sphère, contemple sadiquement la déviation du peuple vers la débâcle, l'aliénation hideuse et la destruction de soi, sans qu'elle réagisse le moins du monde, bien plus, c'est à ce but que tendent ses actions et tout ce qu'elle entreprend, c'est régner sur le peuple et sucer son sang jusqu'à l'épuisement total.

            Tous ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir sont jaloux de leurs prérogatives et des avantages qu'ils tirent de l'autorité dont ils sont investis, au point d'empêcher par tous les moyens les honnêtes citoyens de servir leur patrie  dans la dignité et l'amour.

            Des citoyens justes, nobles et pleins d'ardeur juvénile, désireux d'être au service de la communauté nationale, se trouvant devant des obstacles infranchissables dressés par ces politiques véreux et corrompus jusqu'à la moelle.

            La jeunesse et le peuple dans son ensemble, tout homme plein de bonne volonté et d'amour pour sa patrie, doit entreprendre des actions déterminantes à l'encontre de ces anti-patriotes et de mettre un terme à leurs spéculations et à leurs tristes prérogatives; le peuple doit se libérer de ces entraves qui l'enchaînent depuis fort longtemps pour pouvoir réaliser ses aspirations dans le progrès et la prospérité.

            C'est ainsi que, pour concrétiser cet objectif principal, il fallait penser à insuffler chez le peuple l'esprit du sacrifice, l'amour de la création et du travail.

            Une telle tâche incombe en premier lieu à l'élite intellectuelle du pays, à ceux qui savent agir tout en exerçant une influence bénéfique sur les mentalités, afin de remédier à la situation inadmissible où croupit le peuple.

            La plupart des dirigeants actuels n'étant pas du tout conscients de la mission dont ils sont chargés, affichent de l'indifférence à des problèmes cruciaux que traverse le pays. De  telles personnes ne sont pas dignes d'appartenir à cette nation: leur mise à l'écart est donc nécessaire sinon impérative.

            Il est vraiment triste de voir ces gens accéder à des postes éminents grâce à leurs connaissances au sommet de la hiérarchie politique. Notre devoir est de les démasquer, de mettre à nu leurs mauvaises intentions et de leur démontrer que nous n'étions pas dupes de leurs agissements antipatriotiques. Notre peuple alors doit s'atteler à faire régner l'espoir en son sein; il ne doit pas perdre confiance dans ses potentialités et dans sa puissance.

            Cependant le pouvoir politique et ses entraves ne doivent en aucun cas être autant d'obstacles à sa marche en avant. Il doit lutter jusqu'à  la conquête de ses droits, de sa liberté, et de sa dignité en tant que peuple uni et puissant. Le pouvoir politique qui s'érige en symbole de répression et d'oppression ne dure pas aussi longtemps qu'on le croit. Il est né pour être éliminé et enterré dans l'oubli, car l'injustice qu'il brandit comme le sceptre de sa puissance ne règne que durant un laps de temps, pour succomber en fin de compte dans la honte et le remords.

            Nous autres, intellectuels et hommes d'esprit, notre tâche est de nous montrer à la hauteur de cette mission grandiose à savoir l'éducation du peuple par les moyens les plus rationnels et les plus adéquats, loin de toute idéologie fallacieuse et vaine, entreprenant inlassablement à la reconversion de la masse à la religion de l'amour et de la dignité.myphoto.jpgToute tentative visant l'aliénation du peuple est un crime: on doit mettre fin à l'ère de l'idolâtrie et du culte de la personnalité, qui a fait ses ravages durant ces dernières décennies. Nous devons affirmer notre existence, consolider notre union dans l'amour et là fraternité, rehausser notre dignité et galvaniser nos efforts en vue d'un avenir meilleur, où l'injustice, le népotisme, l'amour de soi et l'indifférence seront à jamais bannis.

            La construction d'une société en évolution constante, une société où l'éthique morale, le bien être moral et spirituel, l'esprit de solidarité et de cohésion inébranlable, s'incrustent dans les cœurs comme autant de facteurs idéaux impérissables, cette société ne se réalise effectivement qu'en émancipant le peuple vis-à-vis de la dictature politique qui le domine et qui exerce sur lui des pressions draconiennes et sans limites.

            Pour tout dire en un mot, le peuple doit agir, je le répète et le confirme en mon âme et conscience, pour se libérer de cette poignée de sangsues famélique qui l'ont rendu exsangues à force d'être exploité et meurtri même dans sa chair. Il est grand temps alors de mettre un terme à la corruption, à l'accumulation des fortunes scandaleuses, à l'abus de pouvoir et enfin à l'injustice sociale qui règne de nos jours de façon fort aberrante et honteuse.

Dr Mohamed Sellam

 Universitaire

0021696068585

 

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20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 12:55

Mohamed Sellam

Sellam06@hotmail.com

0021696068585

LETTRE OUVERTE  AUX DIRIGEANTS ARABES

ou

LA CRISE DE LA CONSCIENCE POLITIQUE

Par Mohamed Sellam

Professeur d’Université.

 

            Le pouvoir absolu est-il efficient pour la construction d'un Etat moderne? Il est évident que l'absolutisme du pouvoir ne mène à rien, puisqu'il est de nature à entraver toute forme d'initiative et de progrès. C'est un obstacle  à la prospérité sociale du fait que cette dernière ne s'épanouit qu'à la faveur de la liberté, principe fondamental dans tout Etat politique et sans lequel rien ne saurait vivre et prospérer. Détenir jalousement les rênes du pouvoir, être l'unique centre de décision et le moteur de toute chose, faire de la démocratie, qui est à coup sûr  le fondement authentique de toute vie  laborieuse,sa propriété exclusive, cela revient en effet à imposer un frein à la marche du peuple et à l'acculer par là même à végéter dans l'ignorance et la misère. Certes la dictature est un phénomène bien répandu de nos jours, en particulier dans les pays qui viennent de s'affranchir, au prix de durs sacrifices, du joug du colonialisme aveugle, pour tomber ensuite passivement dans le giron d'un autoritarisme politique plus cruel et plus despotique encore, puisque, si l'étranger s'approprie vos biens, s'attribue le droit exclusif de gérer le pays tout en pensant à ses propres intérêts et en contrepartie, vous octroie la liberté de disposer de vous mêmes, n'entravant en aucun cas votre marche en avant, contribuant même avec plus au moins de sérieux à l'épanouissement de votre talent et à l'éclosion de vos idées, le pouvoir actuel, outre qu'il vous spolie de vos droits et vous accule presque à la disette, tue en vous toute volonté, torpille votre énergie et vous empêche même de vous exprimer et d'avoir une position franche sur les problèmes nationaux qui  touchent le système social et politique de la nation.

            Donc il demeure incontestablement vrai que la dictature politique, au lieu d'exercer un contrôle strict sur tout ce qui intéresse l'Etat et d'assurer à celui-ci dynamisme et vigueur, favorise la prolifération des problèmes à tous les niveaux et ne contribue en rien à la croissance économique et sociale.

            Le peuple à besoin de respirer, de vivre dans la paix et la liberté, de participer directement à la politique du pays et d'être consulté par tous ceux qui veillent à la destinée du pays, il n'a que faire d'être relegué au fond de l'oubli, il est désormais en mesure d'exprimer, loin de tout chauvinisme sentimental et des passions puériles, son opinion sur toutes les affaires de l'Etat.

            D'ailleurs les libertés politiques et civiles sont- elles effectivement garanties? Si l'on se penche de plus près sur ce problème crucial, l'on s'aperçoit à coup sûr que toutes les libertés sous toutes les formes ne sont absolument pas assurées ni protégées par des lois et même si l'on suppose que la constitution en faisait état et qu'elle les garantit à tous les citoyens, sans discrimination aucune, lorsque l'on en arrive à la pratique, l'on se rend compte avec douleur que cela relève de l'utopie, car les libertés, si elles ne sont pas le plus souvent bafouées et violées par des actes pour le moins tyranniques, elles sont désavouées, voire totalement méconnues par le pouvoir, qui accapare à lui seul, ces libertés qu'il dénie farouchement aux citoyens.

            Il est vrai que les libertés ne s'offrent pas pour ainsi dire sans effet, mais qu'elles doivent au contraire être acquises par des luttes interminables, cependant notre nation, qui fut exploitée et meurtrie pendant des décennies sous la tyrannie du colonialisme étranger, qui fit preuve pour le moins qu'on puisse dire d'un impitoyable et irréductible despotisme, cette nation dans son ensemble a inlassablement combattu, au point d'en arracher avec honneur son indépendance totale. Cette gloire, c'est au peuple seul qu'elle revient, c'est à ce peuple, artisan de son propre destin, que l'on doit rendre un vibrant hommage, pour les nombreux sacrifices qu'il a consentis pour sa délivrance finale. A présent, c'est au peuple qu'il incombe d'arracher les libertés dont il a besoin pour vivre et s'assurer les progrès nécessaires à sa survie en ce monde difficile. Depuis bien longtemps que l'étranger a bien évacué le sol national, c'était aux yeux du peuple, l'avancement d'une nouvelle ère de bonheur et de prospérité, mais voilà que l'on se détrompe et que l'on s'aperçoit avec une profonde tristesse qu'il n'en est rien, que l'indépendance arrachée, qui devrait garantir au peuple honneur et liberté, n'est en réalité qu'une chimère, une illusion, une vision éphémère qui s'est évanouie dans les longues suites de la souffrance et de l'oppression.

            L'homme dans ce régime autoritaire, n'est plus qu'un instrument passif qui doit obéir sans réticence, si non c'est la fin qui doit l'attendre aux portes de l'enfer, dans ces sombres caveaux ,où séjournent actuellement des prisonniers qui ont osé dire avec courage et détermination qu'ils n'accepteraient ni la tyrannie ni l'arbitraire, en réclamant à haute voix l'instauration des libertés politiques et civiles, de la justice sociale, la répartition équitable des revenus, la participation active du peuple à la prise des décisions, la suppression de la censure, la promulgation des lois justes appliquées à tous les citoyens sur le même pied d'égalité, sans distinction, l'abolition enfin des privilèges que l'on octroie à des gens sans mérite, parce qu'ils affichent hypocritement un esprit de fidélité et de loyauté aveugle  à l'endroit du pouvoir en place, ou parce qu'ils s'épuisent en éloges flatteurs, déplacés et mesquins, qui sont autant de hontes aussi bien pour ceux qui les disent que pour ceux qui les écoutent.

            D'ailleurs les dirigeants actuels ne sont-ils pas mus  par une sorte d'égocentrisme manifeste? L'amour du pouvoir, l'obstination que l'on a à ne pas vouloir céder à des compétences nationales le sceptre de l'autorité, cette propension étrange à vouloir être adulé et comblé d'éloges même fallacieux,ce goût maladif pour le culte de la personnalité,ce comportement pour le moins bizarre n'est motivé que par un égoïsme morbide, un amour-propre hideux, un sadisme latent qui aspire en fait à être entretenu par la misère populaire, le mépris des valeurs humaines, la méfiance que l'on voue à tous les talents politiques du pays, qui émergent pourtant dans l'ombre, de peur d'être menacés et perdus à jamais, l'attachement que l'on manifeste délibérément à vouloir mettre en exergue des qualités factices et dérisoires, ce sont là en effet les vraies caractéristiques de l'égocentrisme politique, qui n'a qu'un seul but, c'est de se perpétuer dans et par le pouvoir, pour en faire un instrument répressif, car l'essentiel pour ce phénomène , c'est encore vivre aux dépens de la volonté populaire, qu'il a déjà impitoyablement muselée , puisque, en dépit du marasme social, des carences dont souffre l'économie nationale, de la misère qui sévit dans le pays, cet état de choses continue pourtant à se perpétuer irrémédiablement. L'égoïsme hideux, inhumain, impitoyable, dont font preuve la plupart des dirigeants, tue tout esprit de progrès et contribue sur une grande échelle à propager l'ignorance et le paupérisme parmi les masses du peuple.

            A qui incombe alors la crise socio-économique qui sévit actuellement dans le pays? Si ce n'est à cette attitude vaniteuse et égoïste qu'affichent les responsables politiques actuels? Cette crise n'est pas due du tout à des facteurs exogènes, la crise ne tombe  pas du ciel pour venir s'installer douillettement là où elle veut, elle est plutôt née dans le pays, en fonction des données politiques dont ils sont les artisans, faisant ainsi surgir des éléments endogènes qui se sont conjugués pour favoriser l'explosion finale d'une telle crise qui a terriblement secoué en particulier les couches défavorisées de la société.

            Les calculs des dirigeants  actuels sont faussés par la réalité, une réalité terrible, difficile à croire, mais c'est quand même la réalité toute nus et celui qui refuse d'y croire, serait probablement sous l'influence d'une chimère qu'il  entretenait  longtemps dans les replis de ses pensées.

            Oui la réalité que nul pourtant n'ignore, s'accentue de jours en jour, pour faire voir à tous qu'il ne suffit pas d'avoir le sceptre de l'autorité pour gouverner, gérer, administrer sainement une nation, il y a encore d'autres critères qui font de nos jours gravement défaut, c'est l'amour de la patrie, un amour réel, authentique, pur et non pas cet amour qui est né de l'hypocrisie et de l'égoïsme, c'est aussi le sacrifice de soi pour les causes nationales, en mettant au premier plan, en quelques circonstances que se soit, l'intérêt du pays et du peuple. Si nos hommes politiques avaient fait preuve de ces qualités primordiales, s'ils avaient pensé avant tout au pays et non pas à eux-mêmes, nous n'aurions évidemment pas souffert des conséquences néfastes de la crise actuelle. Si le peuple souffre à présent sous le poids de la misère et de la contrainte, ceux qui détiennent le pouvoir en sont épargnés, ils sont loin en effet d'imaginer les affres de cette crise qu'ils traitent du haut de leur tour d'ivoire.

            Ils ont provoqué cette crise, par leur nonchalance, leur absence de dynamisme, leur inaptitude à prendre des décisions équitables, leur manque d'ardeur et d'amour pour le peuple, et enfin par l'incapacité où ils sont de gérer les deniers publics avec une rigueur rationnelle et une compétence authentique.

            Les dirigeants qui prétendent être de vrais patriotes, qui luttent dans l'intérêt du peuple et pour le progrès du pays, ces dirigeants savent- ils vraiment ce que c'est que le patriotisme.

Le patriotisme n'est pas le pouvoir; ce n'est pas parce qu'on est investi du principe d'autorité, qu'on peut se dire patriote, au contraire, l'autorité ne confère en aucun cas l'esprit de patriotisme, elle agit plutôt dans le sens inverse, en corrompant, en tuant dans l'individu toute dignité et tout honneur. C'est en effet à ce moment que le vrai patriotisme apparaît dans toute sa pureté, c'est à l'issue de cette lutte interminable entre l'amour du bien et l'inclination instinctive vers le mal, c'est un combat que l'individu se livre en lui- même, pour se montrer en fin de compte vainqueur ou vaincu, le vainqueur, c'est celui qui s'attache de manière exclusive à servir sa partie avec honneur et abnégation, c'est celui  qui se manifeste en tout évidence l'amour de la justice, la vertu, le désintéressement, le sacrifice de soi pour le peuple qui l'a mis ainsi au sommet du pouvoir, en l'investissant d'une confiance aveugle, c'est aussi être nanti de grandeur d'âme et de noblesse d'esprit, qui stimulent en lui les actions les plus insignes.

            Le vaincu, c'est celui qui se laisse entraîner par l'amour de soi, c'est celui  qui se cramponne au pouvoir pour être à même de satisfaire ses propres besoins matériels, c'est celui qui aime le pouvoir pour avoir le plaisir de dominer, d'exercer une espèce de sadisme morbide, de montrer ses griffes quand ses propres intérêts sont menacés, de vivre dans le luxe et l'abondance, alors que la nation souffre de misère, c'est en un mot, celui qui, se livrant hypocritement à la démagogie, cache en son sein un mépris latent vis-à-vis du peuple et pourtant pour lui, le patriotisme, c'est gouverner, c'est prétendre être l'incarnation du peuple, son libérateur potentiel, duquel dépend désormais sa survie et sa prospérité, voilà    où aboutit en fait cet esprit malade du pouvoir, autour duquel vivent aussi une poignée de sangsues insatiables ces gens de la haute hiérarchie, qui se croient être au service du peuple, alors qu'ils ne sont là que pour assouvir leurs désirs et accroître leur fortune.

            Oui, le peuple souffre de misère et d'inanition! Le peuple affronte une crise dont vous étiez les vrais responsables! Il est alors grand temps que vous vous réveilliez de votre léthargie et que vous vous mettiez à réfléchir sérieusement sur les problèmes qui vous submergent. C’est de votre faute que le peuple gémit sous  le joug  de l’ignorance et de la misère,oui c’est de votre faute,, puisque vous vous obstinez à rester au pouvoir et à vouloir perpétuer indéfiniment votre mainmise sur les affaires de l'Etat.

            Certes, vous n'avez pas servi le pays avec conscience, vous avez servi plutôt une idéologie, un parti, par le biais duquel vous avez cherché à vous imposer en vous métamorphosant en une oligarchie puissante qui suce les deniers publics, une oligarchie unie, solide, inébranlable, s'organisant autour d'un parti dont toute la force réside en effet dans l'hypocrisie et le mensonge.

            Sinon comment peut-on avoir l'impudence de traiter le peuple comme un troupeau de moutons? Ce peuple qui a donné son sang, son âme pour que le pays renaisse des cendres et des ruines qu'un colonialisme cruel avait semées partout! Ce peuple qui affronte aujourd'hui la misère la plus affreuse, que vous avez provoquée par votre négligence et votre égoïsme! Ce peuple enfin que vous osez prendre pour une bête de somme,  vous nourrit, vous engraisse et même  prêt à donner son sang  pour que vous  viviez ; juguler la presse, source fondamentale de culture et de savoir, avec l'arrière-pensée de vouloir laisser le peuple plonger dans son ignorance et sa faiblesse, majorer  indéfiniment  les impôts pour que le peuple saigne et se tue pour pouvoir s'en acquitter, persécuter inlassablement les vrais nationalistes pour avoir exprimé librement leur opinion sur les affaires qui intéressent la nation,s'emparer de l'appareil judiciaire pour en faire sa propriété exclusive, tordre le cou au parlement en lui intimant l'ordre de se prosterner   devant  vous afin que vous puissiez donner libre cours à l'injustice et à l'abus du pouvoir; s'approprier la richesse du pays en laissant le peuple languir dans la famine, dire enfin que votre règne est celui de la prospérité et de l'opulence, si ce n'est pour vous seuls, vous que le pouvoir a corrompu jusqu'à la moelle,   que le martyre du peuple n'a jamais touché! Vous enfin qui vivez dans la plénitude matérielle et la dépravation! Rassurez-vous, vos jours sont comptés.

                                                                                      Dr..Mohamed Sellam.

                                                                                         Universitaire  à Sfax

                                                                                              021696068585

                                                                                         mardi 26 janvier 2010

                                                                                     

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18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 19:29

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